dimanche 16 novembre 2014

PALMA VIOLETS A LA CIGALE 14/11/2014
Festival Les Inrocks Philips
Live Report



Les talentueux Londoniens Palma Violets croient en ce qu'ils font avec ardeur et reprennent le flambeau des Libertines (ils sont d'ailleurs signés sur le même label, Rough Trade Records), qui avaient relancé le rock garage sur les devants de la scène musicale anglaise au début des années 2000, un bon vieux rock presque oublié aux connotations punk qui refaisait surface au beau milieu d'une industrie musicale où le rap trônait. Mais même si l'esprit du groupe rappelle celui des Libs autrefois, plutôt que d'imiter, Palma Violets s'inspire par-ci par-là et donne un nouveau souffle au rock anglais, s'inscrivant dans la lignée de ceux qui en font son essence, The Clash, Joy Division, The Smiths, The Libertines..., avec une fraîcheur, une énergie et une fougue rares.

On approche les 22h00 en ce 14 novembre où tient lieu le festival les Inrocks Philips. C'était sans doute le groupe le plus attendu de la soirée, Palma Violets (Will Doyle à la batterie, Pete Mayhew au clavier, Chilli Jesson à la basse/chant et Sam Fryer à la guitare/chant) arrive sur scène sous les applaudissements et les ovations d'une Cigale jusque-là endormie. Will d'abord, Pete et sa nouvelle coloration rose bonbon à sa suite, puis Chilli dans son costume gris et Sam, chapeauté et nouvellement barbu, vêtu d'une chemisette à fleurs.



Le groupe nous entraîne dans les sillons tortueux de son rock déjanté, alternant les titres énergiques, foutraques et romantiques de son premier et unique album  (Rattlesnake Highway, Tom The Drum, We Found Love, Chicken Dippers...) 180, sorti en février 2013, avec d'autres titres inconnus au bataillon qui figureront sûrement sur leur prochain album, s'annonçant moins explosif, et dont on ignore encore la date de sortie. Chilli et Sam n'ont rien perdu de leur charisme et défendent leurs chansons avec élégance, véhémence et flamboyance. La présence scénique des deux frontmen est impressionnante: entre Chilli l'hyperactif et sa gestuelle empruntée à Nick Cave et Iggy Pop, et Sam le calme dont la sienne serait plutôt inspirée par Peter Doherty, l'équilibre est parfait.



Un spectateur déguisé en tigre anime la fosse en slamant. Et bien sûr, les pogoteurs sont au rendez-vous: aux premiers rangs, des fans avertis en tee-shirt Palma Violets n'hésitent pas à vous pousser pour vous jeter dans la mêlée.

Moment de grâce: Palma Violets nous enchante d'un nouveau titre mélancolique voire spleenétique, entre le son de Joy Division et celui des Babyshambles, qui suspend la voix de Sam, sourde et grave, dans l'atmosphère de la salle. 


Mais c'est l'emblématique single Best Of Friends qui ravit le public alors déchaîné, tout comme Chilli qui se rapproche de la fosse et se penche au-dessus de la foule avec sa basse qui finira projetée sur la batterie.


Un set malheureusement trop court pour un groupe de cette envergure, on se dit que Palma Violets serait plus à son avantage dans une salle où il jouerait seul. En quittant La Cigale, on a comme un goût de trop peu...jusqu'au prochain concert de Palma Violets à Paris?

voir l'article sur Palma Violets et leur album 180: http://poetryrockmusic.blogspot.fr/2013/10/palma-violets-on-commencait-sennuyer-du.html

contact: juliengladys92@hotmail.fr








mardi 28 octobre 2014

"Clouds are drifting across the moon 
Cats are prowling on their beat
Spring's the girl round the street at night
Dirty old town
Dirty old town"
"Les nuages passent devant la lune
Les chats rodent
Le printemps est une fille autour de la rue la nuit
Vieille ville sale
Vieille ville sale"
THE POGUES,
Julian Casablancas 
ET DIRTY OLD TOWN



Si l'on entend peu souvent parler de The Pogues comme une influence majeure de la scène rock, le groupe formé à Londres en 1982 mêlant musique traditionnelle irlandaise et punk semble avoir eu un certain impact sur la scène garage rock revival qui émergea au début des années 2000: tandis que Julian Casablancas, bière à la main, arborait sur les premières photos des Strokes un tee-shirt The Pogues - dans les premières prestations scéniques de son groupe, avec sa désinvolture, son regard désabusé, son alcoolisme et sa clope au bec, Casablancas n'était pas sans rappeler les jeunes années de Shane Macgowan -, Pete Doherty, amoureux de musique folk, posait avec le leader dudit groupe Shane MacGowan, eux aussi bière à la main, et postait sur son compte youtube la chanson Dirty Old Town, version Pogues...

Je reste dans les environs de Manchester, plus précisément à Salford avec Dirty Old Town. La version des Pogues transpire la Guiness consommée à foison dans un bar miteux d'une ville paumée d'Irlande où il n'y aurait rien d'autre à faire que de s'ennivrer du soir à l'aube en écoutant des ballades folkloriques. Pourtant, la chanson popularisée par des groupes de musique irlandaise (The Dubliners, avant les Pogues, l'avaient déjà reprise) n'a rien à voir avec une quelconque ville d'Irlande, mais évoque bien Salford, une des premières grandes villes industrialisée d'Angleterre, dans le Lancashire. Si Shane Macgowan chante Dirty Old Town d'une manière si viscérale qu'elle semble avoir été écrite pour lui et même par lui, c'est Ewan MacColl qui donna naissance à la chanson, un chanteur, compositeur, acteur, poète et écrivain salfordian, en 1949 (la fille de ce dernier, Kirsty MacColl, collabora plus tard avec les Pogues sur la chanson Fairytale of New York). Dirty Old Town doit son titre à une appellation courante de la ville de Salford par les Anglais, qu'on pourrait traduire par "vieille ville sale". L'auteur dresse un portrait poétique, romantique et passioné de cette ville qui semble pourtant le dégoûter:

"I met my love by the gas works wall
Dreamed a dream by the old canal
I kissed my girl by the factory wall
Dirty old town
Dirty old town"


"J'ai rencontré mon amour près de l'usine à gaz
Rêvé un rêve près du vieux canal
Embrassé une fille près du mur de l'usine
Vieille ville sale
Vielle ville sale"


Une portion du canal évoqué dans la chanson.

La version des Pogues apparaît sur leur deuxième album, Rum, Sodomy and the Lash, sorti en 1985. Si l'auteur original Ewan MacColl, père de la musique folk anglaise, avoua ne pas tellement apprécier cette version, il admira cependant l'esprit du groupe.
"La magie de cette chanson fait qu'elle s'adapte finalement très bien à de nombreuses villes industrielles du Royaume-Uni, d'Europe en général ou encore des Etats-Unis." (wikipédia) et j'irais même plus loin: la chanson émane un tel sentiment de dégoût mélancolique qu'elle peut faire penser à n'importe quelle sorte d'endroit sordide ou désolant.

"I'm gonna make me a big sharp axe
Shining steel tempered in the fire
I'll chop you down like an old dead tree
Dirty old town
Dirty old town"
"Je vais me faire une hache bien affutée
Acier brillant trempé au feu
Je t'abattrai comme un vieil arbre mort
Vieille ville sale
Vieille ville sale"

source: wikipédia









vendredi 3 octobre 2014

THE LIBERTINES A PARIS, LE RETOUR DES LIKELY LADS
le Zénith, 30 septembre 2014

Pour leur concert au Zénith, les Libertines se sont dotés d'un écran géant où l'on apercevait tour à tour d'anciennes images du groupe, d'autres plus abstraites, le groupe lui-même en direct ou le public.

Il y a une décennie maintenant, les Libertines se quittaient sur la chanson What Became Of The Likely Lads qui figurait à la fin de leur album de rupture:
"Qu'est-il advenu des likely lads?
Qu'est-il advenu des rêves que nous avions?
Qu'est-il advenu des pour toujours?
Bien, nous ne le saurons jamais."
On le sait désormais, les Libertines se sont reformés, sont en pleine tournée européenne et préparent un nouvel album. Pete Doherty, son compère Carl Barât et leurs acolytes John Hassall et Gary Powell se sont retrouvés et poursuivent leur route vers la terre utopique d'Arcadie, dans le vaisseau d'Albion.

Pour le grand retour des likely lads à Paris, le Zénith affiche complet. Dans le hall, la queue aux stands de bière est interminable. Personne ne semble s'intéresser aux premières parties, attendant impatiemment la tête d'affiche, les filles de Deers se feront même huer.
C'est à 21h30 que le groupe pointe le bout de son nez, ravissant un public extatique. Carl est le seul des quatre membres à s'être vêtu de la fameuse veste officier rouge qu'arboraient les Libs autrefois, et elle lui sied toujours aussi bien. Pete a vendu la sienne aux enchères, il porte son habituelle tenue de dandy et plus tard, customisera son chapeau de photos de Carl prises sur scène avec un Polaroid. Dès les premiers accords de guitare de The Delaney, l'émotion est vive: voir les Libertines enfin réunis sur scène à Paris, après tant d'années, donne la larme à l'oeil.


Dans la fosse, la foule est compacte jusqu'à l'entrée de la salle, la plupart du public fume. La soirée sera arrosée de bière, de sueur, et imprégnée de tabac: un authentique concert de rock, comme il se doit!
Mais il est loin le temps du rock destroy où Pete quittait précipitamment la scène pour revenir le torse lacéré à coups de rasoir (tant mieux!). Les élans passionnels d'autrefois sont réprimés et les deux leaders apparaissent studieux, très professionnels. Le groupe a acquis de la maturité. Chacun de leur côté, Carl et Pete ont une carrière bien remplie. On ressent une pudeur émotionnelle, un respect mutuel, une envie de bien faire. Les lads sont repartis sur des bases solides. Après tout, ils ont besoin d'argent, les concerts s'enchaînent et il faut assurer: The Libertines est devenu un monument du rock anglais, le retour doit être mémorable.
Assister à un concert des Libertines en 2014, pour un fan de la première heure, c'est comme voir défiler son adolescence sous ses yeux. Le public, lui, est loin d'être adolescent: la moyenne d'âge se situe entre 20 et 30 ans. Mais l'énergie des chansons est contagieuse, les entendre et les scander est un véritable élixir de jeunesse. Carl et Pete, eux aussi, sur scène, semblent rajeunir.
Dans la fosse, ça slam, ça s'égosille, ça pogote, et même dans les tribunes presque vides, les gens sont debout, dansent et chantent. On se délecte de pouvoir crier fuck à pleins poumons, mains en l'air, et les occasions ne manquent pas: sur le Fuck Forever de Pete en acoustique, sur What A Waster ou sur le I Get Along de Carl et son fameux "fuck 'em".



On ressent plus que jamais à quel point les Libertines ont marqué les âmes de toute une génération au fer rouge. Des chansons comme Time For Heroes où la foule reprend en choeur "I cherish you my love", Don't Look Back Into The Sun ou Can't Stand Me Now s'imposent comme de véritables hymnes romantiques: ce soir, amplifiées par les voix des fans, elles prennent tout leur sens.



Les Libertines communiqueront peu avec le public durant la soirée, mais Carl nous gratifiera d'un "J'ai un petit secret pour vous." dans un français articulé à l'anglaise, phrase qui, habituellement en anglais, ouvre la chanson Tell The King. L'ambiance est cependant bon enfant, Pete se met à sauter sur le dos de Carl, ils tombent à la renverse sur la batterie et finissent à terre dans une sorte d'embrassade qui s'éternise un moment, et qui fait plaisir à voir. La complicité est toujours présente entre les deux piliers du groupe, comme ils le témoignaient dans leurs récentes interviews. Carl, sur Ballad Of Grimaldi, France et I Get Along, se présente seul au micro plus souvent que Pete. John est, comme à son habitude, discret, tandis qu'à la fin du concert, Gary, déchaîné, nous offre un final mémorable. En rentrant chez soi ce soir-là, on a qu'une envie: se passer en boucle les chansons des likely lads. toujours aussi vibrantes, 17 ans après la formation des Libertines...

Setlist:
The Delaney
Campaign Of Hate
Vertigo
Time For Heroes
Horrorshow
Begging
The Ha Ha Wall
The Ballad Of Grimaldi
Music When The Lights Go Out
What Katie Did
The Boy Looked At Johnny
Boys In The Band
Can't Stand Me Now
Last Post On The Bugle
Don't Look Back Into The Sun
The Saga
Death On The Stairs
Tell The King
The Good Old Days
Fuck Forever

Rappel:
Up The Bracket
What A Waster
France
I Get Along


dimanche 3 août 2014

"J'ai baisé vos lignes dans l'espoir que vous m'ayez fait la grâce d'y laisser une trace de miel."

"Ne me taxez pas de folie si je vous avoue qu'hier au soir j'ai pris votre lettre avec moi pour dormir."

"Je m'étonnais qu'on pût mourir en martyr pour la religion ; j'en frémissais. Je ne frémis plus ; je serais capable de mourir en martyr de ma religion ; l'amour est ma religion ; pour elle je pourrais mourir - je pourrais mourir pour vous. Je crois en l'amour et vous êtes son seul principe - vous m'avez conquis par un pouvoir contre lequel je ne peux rien [...] sans toi je ne respire plus."

"Ma chère amie, je vous aime pour l'éternité et sans réserve."

"Si je devais être heureux avec vous ici-bas - l'existence la plus longue serait ô combien brève -, je voudrais croire en l'immortalité ; je voudrais vivre éternellement avec vous."

John Keats, Lettres à Fanny

Autant de citations illustrant l'amour incandescent que porta l'un des plus grands romantiques de la poésie anglaise, John Keats, à Fanny Brawne.


Avec Bright Star, la réalisatrice Jane Campion signe une ode au romantisme en mettant en scène la liaison que John Keats entretint avec Fanny Brawne, qui fût un temps sa voisine. Le titre du film ("Brillante Etoile" en français) vient du poème que la jeune femme inspira au poète anglais:

Brillante Etoile!
Brillante étoile! que ne suis-je comme toi immuable -
Non seul dans la splendeur tout en haut de la nuit,
Observant, paupières éternelles ouvertes,
Comme de Nature le patient Ermite sans sommeil,
Les eaux mouvantes dans leur tâche rituelle
Purifier les rivages de l'homme sur la terre,
Ou fixant le nouveau léger masque jeté
De la neige sur les montagnes et les landes -
Non - mais toujours immuable, toujours inchangé,
Reposant sur le beau sein mûri de mon amour,
Sentir toujours son lent soulèvement,
Toujours en éveil dans un trouble doux,
Encore son souffle entendre, tendrement repris,
Et vivre ainsi toujours - ou défaillir dans la mort.

traduction française: Fouad El-Etr

Alors que le frère de John Keats, Tom, est mourant, la jeune Fanny, bouleversée, se rapproche du poète. Peu à peu, des sentiments amoureux naissent entre les deux jeunes gens fantasques. John voit en Fanny un idéal de beauté, lui qui écrivait "Un objet de beauté est une joie sans fin". Fanny et John se fiancent, mais le poète est atteint de tuberculose. Partagé entre sa maladie qui l'entraîne peu à peu dans la mort s'offrant à lui comme ultime repos "Mon esprit est trop faible - ma condition mortelle / Pèse sur moi comme un sommeil irrésistible" et son amour pour Fanny Brawne, John Keats tente de s'éloigner de la jeune femme...




Un film enivrant d'une élégance couleur pastel, à l'image du romantique et fragile auteur, offrant une immersion dans la campagne londonienne du 19e siècle. L'actrice Abbie Cornish et l'acteur de génie Ben Whishaw sont bouleversants de vérité. La bande-originale qui rythme et porte le film, composée par Mark Bradshaw, est superbe et met parfaitement en valeur l'esthétique romantique de l'imagerie.






vendredi 4 juillet 2014


Après la parution des Books of Albion en 2007 (édités en français sous le nom de Carnets d'Albion), regroupement de journaux intimes du chanteur mêlant textes de chansons, poèmes, photos, réflexions sur la vie et parfois élucubrations, Peter Doherty publie From Albion to Shangri-La, qui s'inscrit dans le fil conducteur des Books of Albion puisque le livre est un condensé des journaux intimes du poète écrits entre 2008 et 2013. Extrait:

"Pour quelqu'un de naturellement sensible, il est curieux, mais surtout déplaisant, de faire l'expérience du vide engourdi qui recouvre l'âme au cœur d'une submersion authentique et passionnée dans les narcotiques."

Rappelons que l'Albion, thème central de l'oeuvre du poète-chanteur, est pour lui une véritable philosophie de vie, une vie idyllique mêlant grâce et décadence.

From Albion to Shangri-La est en vente depuis le 3 juillet.




lundi 9 juin 2014




L'hiver s'en est allé,
Mais dans mon coeur perdure,
Un air triste et glacé,
Y nichant sa ramure.

Gladys Julien

jeudi 15 mai 2014


Tristesses de la lune

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal




mardi 6 mai 2014

"Confusion in her eyes that says it all
She's lost control" She's Lost Control - Joy Division


JOY DIVISION - SHE'S LOST CONTROL


Alors que Ian Curtis travaille dans un bureau de recherche à l'emploi pour handicapés, une jeune femme fait un jour une crise d'épilepsie devant lui. Peu après, le chanteur-parolier de Joy Division apprend qu'il est lui-même épileptique, et à la suite d'un appel téléphonique, que la jeune femme est morte d'une crise. 
Ian Curtis écrit She's Lost Control, dont les paroles, sur une musique froide (signature de Joy Division) où perce l'angoisse, répètent encore et encore "Elle a perdu le contrôle" "J'ai perdu le contrôle". Tout comme la jeune femme, Curtis perd le contrôle, lui dont l'épilepsie et son traitement lourd, cette épilepsie qui lui demande du repos qu'il ne prend pas, lui gâcheront la vie.


She's Lost Control fut d'abord introduite à un concert du groupe en juin 1978. Une première version fut réalisée en 1979 sur l'album Unknown Pleasures, puis une seconde version apparut en 1980, plus électronique, en face B du single Atmosphere, sorti après la mort de Ian Curtis. Le chanteur, jouant rarement d'un instrument sur les morceaux de Joy Division, aurait joué une ligne de clavier durant l'intro de la chanson pendant certains enregistrements live.





Ian Curtis et la "danse du papillon crevé".


Ian Curtis s'inspira des crises d'épilepsie pour sa "danse du papillon crevé", plongeant le public dans la confusion, ses mouvements frénétiques se révélant parfois être de vraies crises.




mardi 29 avril 2014

"Oh Mother, I can feel the soil falling over my head
See, the sea wants to take me
The knife wants to cut me
Do you think you can help me?"  I Know It's Over - The Smiths



Troisième album studio des Smiths généralement nommé comme le meilleur, et même reconnu véritable chef-d'œuvre. Il y en aurait tant à dire sur The Queen Is Dead. Il s'en dégage une telle force, mêlée de fragilité. Les chansons s'y succèdent dans une continuité d'une cohérence pertinente. Morrissey y maîtrise sa voix à la perfection, cette voix si particulière: l'éblouissante beauté du chant, associé au génie musical de Johnny Marr, en devient troublante. La pochette donne le ton: Alain Delon est étendu sur le sol dans le film L'Insoumis, image du désespoir romantique. Créé durant la désagréable Angleterre de Thatcher, The Queen Is Dead a atteint la deuxième place des charts britanniques lors de sa sortie en juin 1986 et s'est imposé miroir de la jeunesse désenchantée. Tour d'horizon de l'album, couronné par le NME comme le plus grand de tous les temps.

Le disque remue les tripes dès les premières notes avec le roulement de batterie entêtant qui démarre l'éponyme chanson The Queen Is Dead, sonnant presque punk. A la manière des Sex Pistols avant lui, Morrissey dit "Moz" s'en prend à la reine (et tant qu'à faire au Prince Charles) et la met à mort. Le chanteur l'annonce clairement "la vie est très longue quand tu es seul", solitude qui le poursuivra dans le reste de l'album.

Dans Frankly, Mr Shankly,  il attaque son propre label Rough Trade, ressentant que son groupe se fait arnaquer financièrement. La chanson est légère, fougueuse, malgré les paroles piquantes, avant la pesante et non moins magnifique émotion qui va suivre...
L'album se dote d'une tristesse accablante dès le troisième morceau avec I Know It's Over. Moz se sent appeler par le suicide et se lamente de son chagrin d'amour après une histoire qui n'a jamais vraiment commencée:


"Je sais que c'est fini
Tout de même je m'accroche 
Je ne sais où je pourrais aller
Fini, fini, fini, fini
Je sais que c'est fini 
Et cela n'a jamais vraiment commencer 
Mais dans mon cœur c'était si réel"

En même temps qu'il philosophe:


"Il est si facile de rire
C'est si facile de détester
Il faut du cran pour être doux et gentil"





Les plaintes déchirantes, viscérales, du chanteur se poursuivent sur Never Had No One Ever: l'harmonie entre le jeu de guitare de Marr et l'apogée de la douleureuse solitude qui émane du chant atteint son paroxysme. L'émotion est à son comble, on entend Morrisey pleurer. 
La très enjouée Cemetry Gates enchante après tant de tristesse. Morrissey nous emmène dans un cimetière où il lit "gravement les tombes" et se demande "Tous ces gens, toutes ces vies / Où sont-ils maintenant? / Avec de l'amour, et de la haine / Et des passions comme les miennes". Puis il répond aux accusations de plagiat par la presse "Keats and Yeats are on your side / While, Wilde is on mine." ( "Keats et Yeats sont  de votre côté / Alors que Wilde est du mien." ). Paradoxalement, le texte est truffé de citations d'autres auteurs: l'humour du chanteur.
Vient Bigmouth Strikes Again où Moz se qualifie de grande gueule qui ne peut s'empêcher de porter ses coups, chanson qui a quelque chose d'acerbe et de très drôle quand il dit ironiquement savoir ce que Jeanne d'Arc a ressenti sur le bûcher, lui, le martyr de la presse.
Morrissey affiche une certaine détresse sur l'autobiographique The Boy With The Thorn In Is Side, les gens ne croient pas ses paroles "Comment peuvent-ils m'entendre dire ces mots / Et pourtant ne pas me croire / Et s'ils ne me croient pas maintenant / Me croieront-ils jamais?". Son chant se transforme en envolée lyrique.
Certes, le texte est brillant et se moquer des moeurs de l'église en imaginant un pasteur en tutu est marrant, mais Vicar In A Tutu est un peu en dessous du reste de l'album, bien qu'il crée la transition entre le morceau précédent et le suivant.
There Is A Light That Never Goes Out ou la beauté du romantisme incarnée en une chanson, la chanson phare des Smiths, évoque un jeune homme en quête de liberté, rêvant de fuir sa demeure où il n'a pas vraiment sa place: "Take me out tonight / Oh take me anywhere, I don't care / Don't care, don't care" ("Emmène-moi ce soir / Oh emmène-moi n'importe où, je m'en fiche / Je m'en fiche, je m'en fiche"). On y perçoit, encore, les fantasmes suicidaires et angoissants du chanteur:

"
And if a double-decker bus
Crashes in to us
To die by your side
Is such a heavenly way to die
And if a ten ton truck
Kills the both of us
To die by your side
Well the pleasure, the privilege is mine"


("Et si un bus à impériale / Se crashe sur nous / Mourir à tes côtés est une façon si divine de mourir / Et si un camion de dix tonnes / Nous tue tous les deux / Mourir à tes côtés / Bien le plaisir, le privilège est mien")

Romantisme morbide donc, à la fois lumineux. Marr aura l'idée d'y ajouter un air de flûte: magnifique.




Some Girls Are Bigger Than Others, qui clôt le disque, est agréable à écouter. Moz y tente-t-il un plaidoyer en faveur des différences corporelles entre les femmes? Lui qui s'intéressait aux idées féministes de l'époque.

Marr, le musicien, et Morrissey, le poète, nous livrent sur The Queen Is Dead une prouesse musicale et littéraire. L'alchimie entre les deux compères, cette magie qui ne s'explique pas, y est plus que jamais exacerbée. Un album entre ombre et lumière, tristesse et drôlerie, comme l'annonçait la pochette teintée d'un vert lugubre et d'un rose provocant: à l'image des Smiths.





lundi 21 avril 2014

Rock'n'Poésie

a maintenant sa page facebook:







Romantic song / Romantic poem



 "Je me joins à toi
Comme la vague
Se joint à la mer.

Je t'aime,
Tu le sais,
Mais ça ne fait rien..."

Smashing - The Libertines et Lula Camus








"A toi la fille à la robe verte, c'est ta chanson pour toujours. Tu ne le sais pas, c'est très bien. Je voulais juste jeter mon coeur à tes pieds pour entendre le bruit qu'il fait sous tes talons. Je suis amoureux de ton mépris, comme une flèche de sucre. Je ne reprendrais jamais un verre de ma fée verte, m'intoxiquer jusqu'au caveau. Mais tout ça était pour de faux..."

Auteur?




jeudi 10 avril 2014

NAKED (ON DRUGS)


Naked (On Drugs), signé sur SWAYS Records, le nouveau label indépendant de Salford regroupant des amateurs de littérature nihiliste, ne ressemble à rien de la scène musicale actuelle. Le groupe produit une sorte de musique expérimentale à l'influence seventies aussi planante et envoûtante que la sombre voix de son chanteur français Sébastien Perrin.

photo: http://www.thisistruluv.com/naked-on-drugs-death-dance/

L'attention que porte le groupe à William Burroughs est très palpable, l'atmosphère de leurs chansons est imprégnée de l'univers du poète Beat.
Le duo Sébatien Perrin - Luke Byron Scott a deux singles à son actif, Lee Ann's skin et Death Dance. A suivre de près, en attendant l'album.

(faute de pouvoir importer la vidéo depuis youtube, je joins le lien:)
https://www.youtube.com/watch?v=Y-hjDoIs85I


dimanche 6 avril 2014


Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud






jeudi 20 mars 2014

"L'existence.
 Quelle importance ça a?
 J'aborde la vie du mieux que je peux.
 Le passé fait désormais partie de mon avenir. 
 Le présent échappe à tout contrôle." Ian Curtis



Control est un biopic sur Ian Curtis, brillant parolier et sombre chanteur du goupe Joy Division formé en 1976 à Manchester, de son adolescence à la fin de sa courte vie.
A la naissance du groupe Joy Division, le génie de Ian Curtis, qui marquera l'histoire du rock anglais, le promet à une grande carrière. Mais le déclenchement de son épilepsie, la pression du succès, ses amours torturées et les responsabilités de père qui le dépassent le mèneront tout droit au suicide.



Un film en noir et blanc d'une finesse et d'une poésie remarquables, reflétant parfaitement l'atmosphère sinistre de Manchester à l'aube des années 80 et la morosité perceptible qu'en ressentait le défunt et légendaire chanteur.
On retrouve sur la bande originale des pépites du groupe telles que Disorder, She's lost control ou Love will tear us apart brillamment interprétées par Sam Riley. A noter la performance de l'acteur qui s'immerge totalement dans la peau du rockeur, d'une très grande justesse et subtilité.



dimanche 16 mars 2014

"Il était un de ces types qui ont une habilité innée. Quand on répétait, il arrivait et disait "Ecoutez ça". Et en cinq minutes, il avait joué un truc qu'on essayait de maîtriser depuis un an."
Andy Rourke des Smiths



"Né de parents irlandais le 21 octobre 63 à Chorlton-on-Medlock, Manchester, John Martin Marr fête son premier anniversaire le jour même où Sandie Shaw, égérie acidulée des sixties, classe pour la première fois un single numéro un dans les charts avec There's Always Something There To Remind Me: drôle de coïncidence pour celui qui, vingt ans plus tard, passera avec elle à Top Of The Pops. Grâce à ses parents, son éducation est baignée de culture irlandaise, et ses meilleurs souvenirs d'enfance restent ces interminables soirées où les ballades folkloriques sont gorgées de Guinness, où l'accordéon finit par faire la course avec l'harmonica en attendant que le jour se lève."

Sébastien Raizer, Morrissey histoire d'un dandy rebelle






samedi 22 février 2014

"the music they constantly play
it says nothing to me about my life" Panic - The Smiths



PANIC - THE SMITHS

Photo: Getty

En 1986, Steve Wright, présentateur sur BBC Radio1, passe le morceau I'm your man du duo pop Wham! après avoir présenté le bulletin d'informations annonçant la catastrophe de Tchernobyl. Choqués par la négligence de Wright, les Smiths réagissent: Morrissey et Johnny Marr écrivent Panic.

Morrissey et Johnny Marr dans les années 80.

La chanson sort en 45 tours en juillet 1986 avec en face B Vicar in a tutu et apparaît sur les compilations The world won't listen et Louder than bombs. On sait le provocateur Morrissey très doué pour réagir aux faits divers et en faire d'excellents textes (il écrivit Suffer Little Children en échos au traumatisme qu'il éprouva, enfant, lorsque les Tueurs des Landes sévissaient à Manchester) , parfois d'un cynisme mordant. Ainsi, sur Panic, Morrissey scande inlassablement "Hang the DJ" ("Pendez le DJ"). Il véhicule ici un message violent, bien qu'il interprète la chanson avec une certaine légèreté (reflétant la légèreté de Wright?), mais on peut supposer qu'il répond à la violence que lui inspira l'acte du présentateur par la violence... Provocation? Quoi qu'il en soit, "Hang the DJ" est répété 33 fois durant le morceau. Morrissey et Marr iront jusqu'à porter le portrait de Wright en t-shirt affublé de la fameuse phrase. 
Morrissey déverse en même temps dans son texte sa révolte contre la musique pop "ça ne me dit rien sur ma vie", dit-il. Comme d'habitude lorsqu'il s'agit des Smiths, la presse s'emballe et les paroles de Panic font scandale à sa sortie. Morrissey et Marr sont accusés d'inciter au racisme suite à la ligne "burn down to the disco" ("brûlez la discothèque"), Marr répondra que la musique disco n'est pas nécessairement associée à la musique noire. Panic atteindra tout de même la onzième place des charts britanniques.

source: wikipédia





jeudi 23 janvier 2014

Peter Doherty - Salomé


Peter Doherty, auteur-compositeur-interpète qui s'est imposé au fil des années comme une sorte de prophète des âmes égarées au talent indéniable, nous conte dans cette sublime chanson d'une mélancolie poignante sa vision de Salomé, personnage mythique dans la bible qui inspira de nombreux poètes et peintres. Elle sera notamment mise en scène par Oscar Wilde dans sa pièce Salomé, une influence littéraire majeure pour Doherty dont ce n'est pas la première fois qu'il cite l'auteur dans ses textes (son premier groupe, The Libertines, clamait autrefois sur leur titre Narcissist "Well wouldn't it be nice to be Dorian Gray / Just for a day?", Le Portrait de Dorian Gray étant l'oeuvre géniale d'Oscar Wilde).
Salomé, fille d'Hérodiade, dansa devant Hérode Antipas qui en fût tellement charmé qu'il lui accorda n'importe qu'elle souhait: elle lui réclama la tête de Jean-Baptiste sur un plateau.
Peter Doherty nous dépeint ici cette femme fatale lui apparaissant comme une vision divine dansant dans les flammes de ses chandelles, réchauffant sa nuit, "la plus froide des nuits". Puis conclut par:

"I stand before her amazed
As she dances and demands
The hand of any bastard on a plate"
"Je reste devant elle étonné
Quand elle danse et demande
La tête de n'importe quel salaud sur un plateau"




Alizé Meurisse, amie de longue date de Peter Doherty et artiste multi-talentueuse, peint une version moderne de Salomé qui illustre la pochette de l'album solo du chanteur, Grace/Wastelands (Grâce/Terrains vagues), dans lequel figure ladite chanson.