mardi 28 octobre 2014

"Clouds are drifting across the moon 
Cats are prowling on their beat
Spring's the girl round the street at night
Dirty old town
Dirty old town"
"Les nuages passent devant la lune
Les chats rodent
Le printemps est une fille autour de la rue la nuit
Vieille ville sale
Vieille ville sale"
THE POGUES,
Julian Casablancas 
ET DIRTY OLD TOWN



Si l'on entend peu souvent parler de The Pogues comme une influence majeure de la scène rock, le groupe formé à Londres en 1982 mêlant musique traditionnelle irlandaise et punk semble avoir eu un certain impact sur la scène garage rock revival qui émergea au début des années 2000: tandis que Julian Casablancas, bière à la main, arborait sur les premières photos des Strokes un tee-shirt The Pogues - dans les premières prestations scéniques de son groupe, avec sa désinvolture, son regard désabusé, son alcoolisme et sa clope au bec, Casablancas n'était pas sans rappeler les jeunes années de Shane Macgowan -, Pete Doherty, amoureux de musique folk, posait avec le leader dudit groupe Shane MacGowan, eux aussi bière à la main, et postait sur son compte youtube la chanson Dirty Old Town, version Pogues...

Je reste dans les environs de Manchester, plus précisément à Salford avec Dirty Old Town. La version des Pogues transpire la Guiness consommée à foison dans un bar miteux d'une ville paumée d'Irlande où il n'y aurait rien d'autre à faire que de s'ennivrer du soir à l'aube en écoutant des ballades folkloriques. Pourtant, la chanson popularisée par des groupes de musique irlandaise (The Dubliners, avant les Pogues, l'avaient déjà reprise) n'a rien à voir avec une quelconque ville d'Irlande, mais évoque bien Salford, une des premières grandes villes industrialisée d'Angleterre, dans le Lancashire. Si Shane Macgowan chante Dirty Old Town d'une manière si viscérale qu'elle semble avoir été écrite pour lui et même par lui, c'est Ewan MacColl qui donna naissance à la chanson, un chanteur, compositeur, acteur, poète et écrivain salfordian, en 1949 (la fille de ce dernier, Kirsty MacColl, collabora plus tard avec les Pogues sur la chanson Fairytale of New York). Dirty Old Town doit son titre à une appellation courante de la ville de Salford par les Anglais, qu'on pourrait traduire par "vieille ville sale". L'auteur dresse un portrait poétique, romantique et passioné de cette ville qui semble pourtant le dégoûter:

"I met my love by the gas works wall
Dreamed a dream by the old canal
I kissed my girl by the factory wall
Dirty old town
Dirty old town"


"J'ai rencontré mon amour près de l'usine à gaz
Rêvé un rêve près du vieux canal
Embrassé une fille près du mur de l'usine
Vieille ville sale
Vielle ville sale"


Une portion du canal évoqué dans la chanson.

La version des Pogues apparaît sur leur deuxième album, Rum, Sodomy and the Lash, sorti en 1985. Si l'auteur original Ewan MacColl, père de la musique folk anglaise, avoua ne pas tellement apprécier cette version, il admira cependant l'esprit du groupe.
"La magie de cette chanson fait qu'elle s'adapte finalement très bien à de nombreuses villes industrielles du Royaume-Uni, d'Europe en général ou encore des Etats-Unis." (wikipédia) et j'irais même plus loin: la chanson émane un tel sentiment de dégoût mélancolique qu'elle peut faire penser à n'importe quelle sorte d'endroit sordide ou désolant.

"I'm gonna make me a big sharp axe
Shining steel tempered in the fire
I'll chop you down like an old dead tree
Dirty old town
Dirty old town"
"Je vais me faire une hache bien affutée
Acier brillant trempé au feu
Je t'abattrai comme un vieil arbre mort
Vieille ville sale
Vieille ville sale"

source: wikipédia









vendredi 3 octobre 2014

THE LIBERTINES A PARIS, LE RETOUR DES LIKELY LADS
le Zénith, 30 septembre 2014

Pour leur concert au Zénith, les Libertines se sont dotés d'un écran géant où l'on apercevait tour à tour d'anciennes images du groupe, d'autres plus abstraites, le groupe lui-même en direct ou le public.

Il y a une décennie maintenant, les Libertines se quittaient sur la chanson What Became Of The Likely Lads qui figurait à la fin de leur album de rupture:
"Qu'est-il advenu des likely lads?
Qu'est-il advenu des rêves que nous avions?
Qu'est-il advenu des pour toujours?
Bien, nous ne le saurons jamais."
On le sait désormais, les Libertines se sont reformés, sont en pleine tournée européenne et préparent un nouvel album. Pete Doherty, son compère Carl Barât et leurs acolytes John Hassall et Gary Powell se sont retrouvés et poursuivent leur route vers la terre utopique d'Arcadie, dans le vaisseau d'Albion.

Pour le grand retour des likely lads à Paris, le Zénith affiche complet. Dans le hall, la queue aux stands de bière est interminable. Personne ne semble s'intéresser aux premières parties, attendant impatiemment la tête d'affiche, les filles de Deers se feront même huer.
C'est à 21h30 que le groupe pointe le bout de son nez, ravissant un public extatique. Carl est le seul des quatre membres à s'être vêtu de la fameuse veste officier rouge qu'arboraient les Libs autrefois, et elle lui sied toujours aussi bien. Pete a vendu la sienne aux enchères, il porte son habituelle tenue de dandy et plus tard, customisera son chapeau de photos de Carl prises sur scène avec un Polaroid. Dès les premiers accords de guitare de The Delaney, l'émotion est vive: voir les Libertines enfin réunis sur scène à Paris, après tant d'années, donne la larme à l'oeil.


Dans la fosse, la foule est compacte jusqu'à l'entrée de la salle, la plupart du public fume. La soirée sera arrosée de bière, de sueur, et imprégnée de tabac: un authentique concert de rock, comme il se doit!
Mais il est loin le temps du rock destroy où Pete quittait précipitamment la scène pour revenir le torse lacéré à coups de rasoir (tant mieux!). Les élans passionnels d'autrefois sont réprimés et les deux leaders apparaissent studieux, très professionnels. Le groupe a acquis de la maturité. Chacun de leur côté, Carl et Pete ont une carrière bien remplie. On ressent une pudeur émotionnelle, un respect mutuel, une envie de bien faire. Les lads sont repartis sur des bases solides. Après tout, ils ont besoin d'argent, les concerts s'enchaînent et il faut assurer: The Libertines est devenu un monument du rock anglais, le retour doit être mémorable.
Assister à un concert des Libertines en 2014, pour un fan de la première heure, c'est comme voir défiler son adolescence sous ses yeux. Le public, lui, est loin d'être adolescent: la moyenne d'âge se situe entre 20 et 30 ans. Mais l'énergie des chansons est contagieuse, les entendre et les scander est un véritable élixir de jeunesse. Carl et Pete, eux aussi, sur scène, semblent rajeunir.
Dans la fosse, ça slam, ça s'égosille, ça pogote, et même dans les tribunes presque vides, les gens sont debout, dansent et chantent. On se délecte de pouvoir crier fuck à pleins poumons, mains en l'air, et les occasions ne manquent pas: sur le Fuck Forever de Pete en acoustique, sur What A Waster ou sur le I Get Along de Carl et son fameux "fuck 'em".



On ressent plus que jamais à quel point les Libertines ont marqué les âmes de toute une génération au fer rouge. Des chansons comme Time For Heroes où la foule reprend en choeur "I cherish you my love", Don't Look Back Into The Sun ou Can't Stand Me Now s'imposent comme de véritables hymnes romantiques: ce soir, amplifiées par les voix des fans, elles prennent tout leur sens.



Les Libertines communiqueront peu avec le public durant la soirée, mais Carl nous gratifiera d'un "J'ai un petit secret pour vous." dans un français articulé à l'anglaise, phrase qui, habituellement en anglais, ouvre la chanson Tell The King. L'ambiance est cependant bon enfant, Pete se met à sauter sur le dos de Carl, ils tombent à la renverse sur la batterie et finissent à terre dans une sorte d'embrassade qui s'éternise un moment, et qui fait plaisir à voir. La complicité est toujours présente entre les deux piliers du groupe, comme ils le témoignaient dans leurs récentes interviews. Carl, sur Ballad Of Grimaldi, France et I Get Along, se présente seul au micro plus souvent que Pete. John est, comme à son habitude, discret, tandis qu'à la fin du concert, Gary, déchaîné, nous offre un final mémorable. En rentrant chez soi ce soir-là, on a qu'une envie: se passer en boucle les chansons des likely lads. toujours aussi vibrantes, 17 ans après la formation des Libertines...

Setlist:
The Delaney
Campaign Of Hate
Vertigo
Time For Heroes
Horrorshow
Begging
The Ha Ha Wall
The Ballad Of Grimaldi
Music When The Lights Go Out
What Katie Did
The Boy Looked At Johnny
Boys In The Band
Can't Stand Me Now
Last Post On The Bugle
Don't Look Back Into The Sun
The Saga
Death On The Stairs
Tell The King
The Good Old Days
Fuck Forever

Rappel:
Up The Bracket
What A Waster
France
I Get Along