vendredi 3 octobre 2014

THE LIBERTINES A PARIS, LE RETOUR DES LIKELY LADS
le Zénith, 30 septembre 2014

Pour leur concert au Zénith, les Libertines se sont dotés d'un écran géant où l'on apercevait tour à tour d'anciennes images du groupe, d'autres plus abstraites, le groupe lui-même en direct ou le public.

Il y a une décennie maintenant, les Libertines se quittaient sur la chanson What Became Of The Likely Lads qui figurait à la fin de leur album de rupture:
"Qu'est-il advenu des likely lads?
Qu'est-il advenu des rêves que nous avions?
Qu'est-il advenu des pour toujours?
Bien, nous ne le saurons jamais."
On le sait désormais, les Libertines se sont reformés, sont en pleine tournée européenne et préparent un nouvel album. Pete Doherty, son compère Carl Barât et leurs acolytes John Hassall et Gary Powell se sont retrouvés et poursuivent leur route vers la terre utopique d'Arcadie, dans le vaisseau d'Albion.

Pour le grand retour des likely lads à Paris, le Zénith affiche complet. Dans le hall, la queue aux stands de bière est interminable. Personne ne semble s'intéresser aux premières parties, attendant impatiemment la tête d'affiche, les filles de Deers se feront même huer.
C'est à 21h30 que le groupe pointe le bout de son nez, ravissant un public extatique. Carl est le seul des quatre membres à s'être vêtu de la fameuse veste officier rouge qu'arboraient les Libs autrefois, et elle lui sied toujours aussi bien. Pete a vendu la sienne aux enchères, il porte son habituelle tenue de dandy et plus tard, customisera son chapeau de photos de Carl prises sur scène avec un Polaroid. Dès les premiers accords de guitare de The Delaney, l'émotion est vive: voir les Libertines enfin réunis sur scène à Paris, après tant d'années, donne la larme à l'oeil.


Dans la fosse, la foule est compacte jusqu'à l'entrée de la salle, la plupart du public fume. La soirée sera arrosée de bière, de sueur, et imprégnée de tabac: un authentique concert de rock, comme il se doit!
Mais il est loin le temps du rock destroy où Pete quittait précipitamment la scène pour revenir le torse lacéré à coups de rasoir (tant mieux!). Les élans passionnels d'autrefois sont réprimés et les deux leaders apparaissent studieux, très professionnels. Le groupe a acquis de la maturité. Chacun de leur côté, Carl et Pete ont une carrière bien remplie. On ressent une pudeur émotionnelle, un respect mutuel, une envie de bien faire. Les lads sont repartis sur des bases solides. Après tout, ils ont besoin d'argent, les concerts s'enchaînent et il faut assurer: The Libertines est devenu un monument du rock anglais, le retour doit être mémorable.
Assister à un concert des Libertines en 2014, pour un fan de la première heure, c'est comme voir défiler son adolescence sous ses yeux. Le public, lui, est loin d'être adolescent: la moyenne d'âge se situe entre 20 et 30 ans. Mais l'énergie des chansons est contagieuse, les entendre et les scander est un véritable élixir de jeunesse. Carl et Pete, eux aussi, sur scène, semblent rajeunir.
Dans la fosse, ça slam, ça s'égosille, ça pogote, et même dans les tribunes presque vides, les gens sont debout, dansent et chantent. On se délecte de pouvoir crier fuck à pleins poumons, mains en l'air, et les occasions ne manquent pas: sur le Fuck Forever de Pete en acoustique, sur What A Waster ou sur le I Get Along de Carl et son fameux "fuck 'em".



On ressent plus que jamais à quel point les Libertines ont marqué les âmes de toute une génération au fer rouge. Des chansons comme Time For Heroes où la foule reprend en choeur "I cherish you my love", Don't Look Back Into The Sun ou Can't Stand Me Now s'imposent comme de véritables hymnes romantiques: ce soir, amplifiées par les voix des fans, elles prennent tout leur sens.



Les Libertines communiqueront peu avec le public durant la soirée, mais Carl nous gratifiera d'un "J'ai un petit secret pour vous." dans un français articulé à l'anglaise, phrase qui, habituellement en anglais, ouvre la chanson Tell The King. L'ambiance est cependant bon enfant, Pete se met à sauter sur le dos de Carl, ils tombent à la renverse sur la batterie et finissent à terre dans une sorte d'embrassade qui s'éternise un moment, et qui fait plaisir à voir. La complicité est toujours présente entre les deux piliers du groupe, comme ils le témoignaient dans leurs récentes interviews. Carl, sur Ballad Of Grimaldi, France et I Get Along, se présente seul au micro plus souvent que Pete. John est, comme à son habitude, discret, tandis qu'à la fin du concert, Gary, déchaîné, nous offre un final mémorable. En rentrant chez soi ce soir-là, on a qu'une envie: se passer en boucle les chansons des likely lads. toujours aussi vibrantes, 17 ans après la formation des Libertines...

Setlist:
The Delaney
Campaign Of Hate
Vertigo
Time For Heroes
Horrorshow
Begging
The Ha Ha Wall
The Ballad Of Grimaldi
Music When The Lights Go Out
What Katie Did
The Boy Looked At Johnny
Boys In The Band
Can't Stand Me Now
Last Post On The Bugle
Don't Look Back Into The Sun
The Saga
Death On The Stairs
Tell The King
The Good Old Days
Fuck Forever

Rappel:
Up The Bracket
What A Waster
France
I Get Along


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